Le garçOn eT le oboŁ


Document exogène provenant du collectif Babambines qui propose à sa communauté de redécouvrir les grands contes, transmis de génération en génération, des différentes cités d’Ezen.

-//Udha/

L’un est né d’une mère,
Et l’autre d’un ordinateur.
Destinés à se rencontrer,
L’un nécessitant,
Et l’autre cherchant nécessiteux.

L’un vit et l’autre conduit.
À deux ils découvrent le monde.
Le premier aux commandes,
Le second à la tâche.
Deux vases communiquant,
Une âme pour une coquille vide.

Un plus un donnait deux.
L’enfant avait cédé ses jambes,
La machine lui avait rendu des roues.
Doigts habiles, voix précise,
Transformé pilote,
Le garçon guidait le neuromate docile.
Un jeu d’instructions s’était formé,
L’un professant et l’autre apprenant.

Inséparables, ils ne se quittaient plus,
Roulant, virevoltant, et puis sautant.
À deux, l’épreuve était devenue aventure.
Le garçon redessinait l’horizon,
Imaginait de nouvelles routes, et de nouveaux outils.
Le robot s’améliorait,
S’équipant de confort et de technicité,
Des boulons jusqu’au coton,
Et surtout, nourrissant sa matrice.

Des accidents, ils n’en avaient plus vu.
Quand l’adolescent ratait,
L’intelligence artificielle réajustait.
Des années passées côte à côte.
La machine avait épousé ses données.
D’enveloppe elle devenait corps.
Un duo sans limites jusqu’à lors,
Où le garçon délaissa ses autres membres.

Une fraction s’était soustraite à leur somme.
Une information trop brute, trop massive.
Un voile dans l’imagination,
Une plaie dans la gorge.
D’un état, la maladie devint évolution.
Elle avait quitté le bas pour conquérir le haut.
L’équipe battait de l’aile.
Si l’un s’atrophiait, l’autre devait gonfler.
S’ouvrir aux décimales,
Pour retrouver l’équilibre d’une paire.
Les perfusions furent d’abord sanguines,
Puis, binaires.

Si le jeune adulte avait une famille,
Le robot en maturation possédait tout un clan.
La force retrouvée, l’aide appréciée,
Tour à tour ils échangeaient,
Instructions contre Opérations,
À chaque saison une nouvelle configuration.
Le métal comblait les trous organiques.
L’homme inventait de plus en plus,
Pour faire de moins en moins.
Son âme se recroquevillait,
Mais son corps se remplissait,
Nourri d’un liquide froid et artificiel,
Celui du robot,
Instruit de ses propres données.

À son bel âge,
Ils n’étaient plus deux, mais un.
Moins vivant, mais plus intelligent,
Assurément fonctionnel.
Simultanément aux commandes et à la tâche,
Un esprit partagé,
Pour un vase hybride.
De parents opposés,
Ils finirent imbriqués.
À jamais fusionnés.